Le "Don't Ask, Don't Tell" dans le Polyamour : Une approche problématique

Dans le contexte du polyamour et de la non-monogamie éthique, la pratique du "Don't Ask, Don't Tell" (DADT), ou "Ne demande rien, ne dis rien", est souvent envisagée par les débutants. Cette approche, qui consiste à ignorer totalement les relations extérieures de son partenaire, peut paraître attirante mais elle cache souvent des problèmes plus profonds et peut entraîner des complications significatives.

1. Problème de Véracité :

Lorsqu'une personne indique pratiquer le DADT, il est difficile de vérifier si son partenaire est réellement en accord avec cette démarche. Parfois, le DADT peut servir de couverture à des comportements infidèles. Il est plus facile de dire qu'on pratique le DADT que de commencer à devoir trouver des excuses de pourquoi on n'est jamais disponible la semaine ou de cacher son téléphone en permanence. De plus, même en étant appliqué sincèrement, cela peut susciter des doutes et de la méfiance chez de potentiels partenaires.

2. Évitement du Travail Émotionnel :

Choisir le DADT peut refléter une réticence à s'engager dans le travail émotionnel nécessaire pour gérer une relation polyamoureuse saine. Si un partenaire préfère ne rien savoir, cela peut indiquer un malaise vis-à-vis du polyamour, rendant la relation moins épanouissante et transparente.

3. Limites de la Relation :

Dans une relation sérieuse et engagée, le DADT pose des limites importantes. Cette approche est peut-être adaptée à des relations plus superficielles, mais elle se heurte à des obstacles particulièrement contraignants en ce qui concerne des relations plus sérieuses et engagées, car cela relègue les partenaires à opérer dans l'ombre. Qui plus est vous serez contraint de devoir mentir à votre partenaire à un moment où à un autre. Ne serait-ce que par omission.

- Tu t'en vas ?

- Ha oui je vais voir un ami...

C'est lourd pour vous deux.

4. Insécurités Exacerbées :

L'absence de partage peut amplifier les insécurités du partenaire qui reste dans l'ignorance. Au lieu d'avoir un meta humain avec ses qualités et ses défauts, votre partenaire fait fonctionner son imagination et à maintenant un meta sans défaut alimentant des comparaisons et des craintes infondées.

5. Manque de Partage d'Expériences :

Les rencontres ne sont pas toujours faciles et heureuses ; elles comportent leur lot d'incompatibilités et de défis. La loi DADT prive les partenaires de la possibilité de partager ces expériences, bonnes ou mauvaises. Lorsque vous sortez ensemble ou que vous partagez vos histoires de rencontre, vous voyez le côté réaliste du polyamour - les incompatibilités, les efforts nécessaires et le fait que de nombreuses rencontres peuvent ne pas déboucher sur des liens significatifs. Le partage de ces expériences peut être incroyablement enrichissant, en offrant un espace de soutien et de compréhension mutuels.

6. Considérations de Sécurité :

Un aspect souvent négligé du DADT est la sécurité. Dans un arrangement plus ouvert, les partenaires peuvent servir de filet de sécurité lors d'un rendez-vous. Si au final vous ne vous sentez pas à l'aise avec la personne avec qui vous avez un rendez-vous. Vous pouvez appeler votre partenaire sans souci pour qu'il vous aide.

Conclusion :

Bien que le DADT puisse sembler être une solution facile pour naviguer dans les complexités des relations polyamoureuses, il entraîne souvent plus de problèmes qu'il n'en résout. Le manque de transparence, le potentiel d'abus, l'évitement émotionnel, les limites de la croissance relationnelle et les préoccupations de sécurité sont des pièges importants. La non-monogamie éthique prospère sur l'honnêteté, la communication ouverte et le respect mutuel. Pour que le polyamour soit sain et épanouissant, il nécessite que toutes les parties s'engagent dans un travail émotionnel, partagent des expériences et construisent la confiance – tous des aspects qui sont minés par une approche DADT.