C’est s'engager, ou être ouvert·e à s’engager, dans plusieurs relations amoureuses simultanément avec la pleine connaissance et le consentement de tou·te·s les partenaires impliqué·e·s, et laisser cette même liberté à son/sa/ses partenaire(s).
C'est une définition de base, mais gardez à l'esprit qu'il existe de nombreuses façons de vivre le polyamour. Ces multiples relations peuvent être à court terme ou au long cours, se voir régulièrement ou plus occasionnellement, incluant ou non une sexualité. Une personne polyamoureuse peut ainsi être dans plusieurs relations qui représentent une grande variété de situations différentes et sont l’accord unique entre deux personnes. Ou tout simplement dans aucune relation pour le moment mais avec l’intention que la prochaine soit dans cette optique.
Il existe un débat continu sur la question de savoir dans quelle mesure le polyamour constitue une identité ou une pratique. Pour moi, c’est les deux. Chaque vision apporte une réflexion différente.
D’abord l’identité. Je sens au fond de moi que j’ai besoin du polyamour pour être en accord avec moi-même dans les relations. Basé sur le fait que j’ai envie d’être en adéquation avec moi-même, je décide de pratiquer le polyamour.
Si vous êtes célibataire, ça s’arrête là. Si vous êtes en couple, vous ne pouvez pas décider unilatéralement de faire de votre relation monogame une relation polyamoureuse. Il n’est pas éthique non plus de se servir de son identité pour forcer le changement de la structure de la relation avec un “Parce que tu dois respecter mon identité”. Cela peut trop vite mener à des cas de “poly under duress” ou poly sous la contrainte.
Maintenant, si moi et mon/ma partenaire nous engageons mutuellement dans une promesse d’exclusivité romantique et sexuelle envers l’autre, nous pratiquons alors la monogamie.
Si je suis célibataire et que je décide que ma prochaine relation sera basée sur la définition ci-dessus, alors je pratique le polyamour.
Si nous sommes un couple qui s’ouvre et que nous décidons ensemble que notre relation fonctionnera maintenant selon la structure de relation citée ci-dessus, alors nous pratiquons le polyamour.
Ainsi, il m’est plus aisé de concevoir le polyamour comme une structure relationnelle que j’adopte. En effet, la distinction est claire : je pratique le polyamour, ou je ne le pratique pas.
Le polyamour est de la non-monogamie éthique. Cependant, la non-monogamie éthique n'est pas nécessairement du polyamour. Il s'agit d'un terme parapluie englobant diverses pratiques, telles que le libertinage (qui est lui-même un terme parapluie pour de nombreuses autres pratiques, telles que l'échangisme, le mélangisme, le côte-à-côtisme, etc.), ou les relations libres.
Libertin, couple libre, polyamoureux·se… chaque mot apporte une nuance bien distincte et pour faire passer ce que vous recherchez, il est important de bien les utiliser. Surtout que pratiquer l’un de ces concepts n’empêche pas de pratiquer l’un des autres. Nous avons déjà eu la définition du polyamour ci-dessus. Pour le libertinage et le couple libre, les deux sont donc de la non-monogamie éthique avec une exclusivité romantique mais une liberté sexuelle. Par contre, une relation libertine sera plus basée sur le couple en tant qu’entité, alors que le couple libre offre une liberté individuelle.
Aucun de ces concepts n’est supérieur à l’autre, ils répondent juste à des envies/besoins différent·e·s.
Je reviendrai une autre fois pour expliquer que cela ne revient pas à tromper quelqu’un, ni à attendre de trouver la bonne personne, etc., mais j’aimerais aborder un autre point maintenant.
Non, je ne suis pas polyamoureux·se simplement parce que je suis capable d’aimer plusieurs personnes simultanément. La majorité des humain·e·s en sont capables et le font même quotidiennement avec d’autres formes d’amour que celui dit “romantique”. Pourtant, seul un petit nombre de personnes s’identifient comme polyamoureuses.
Avoir plusieurs relations est simplement la partie simple du polyamour; vivre le fait que son/sa partenaire vive la même chose activement est souvent bien plus complexe. Il y a également toute une gestion des ressources, telles que le temps et l’argent, à considérer, qui jouent un rôle crucial dans la pratique du polyamour.
Comme souvent, tout se résume à la communication. Cela nécessite une discussion ouverte avec votre partenaire, et il n’existe aucun moyen infaillible pour convaincre quelqu’un. Lorsqu’une personne dit non, il est important de respecter ce refus.
Cependant, il est crucial de reconnaître plusieurs aspects lorsqu’on envisage d’ouvrir une relation monogame.
Opter pour le polyamour signifie clore votre relation monogame actuelle pour entamer sur de nouvelles bases une relation polyamoureuse, tout en explorant votre compatibilité dans cette nouvelle configuration relationnelle. Il n’existe pas de moyen de revenir en arrière en faisant comme si rien n’avait changé. Même si vous décidez de revenir à la monogamie, la dynamique de votre relation monogame ne sera probablement plus la même qu’auparavant.
La simple discussion pour déterminer si votre partenaire serait potentiellement intéressé par le polyamour peut déjà changer beaucoup de choses. Certaines personnes sont farouchement opposées à l'idée même. Il est crucial de jauger la réceptivité de votre partenaire à cette idée et de déterminer d’envisager les possibles conséquences de vos choix.
Cependant, si après en avoir discuté, votre partenaire s'oppose au polyamour, il faut respecter ce refus. Le polyamour et la monogamie ne sont pas compatibles, de même que quelqu’un qui veut des enfants n’est pas compatible avec quelqu’un qui n’en veut pas en monogamie.
Si votre partenaire n’adhère au polyamour que par peur de vous perdre et non par envie, cela risque de créer des problèmes et des souffrances dans votre couple et est une très mauvaise base pour clore une relation monogame afin d’en commencer une polyamoureuse.
Alors oui, on voit souvent ce terme sur les réseaux sociaux, mais il mélange les concepts de l’identité et de la pratique et au final crée plus de confusion qu’autre chose, surtout pour les gens qui se posent beaucoup de questions.
Il n’existe aucune relation mono/poly dans la pratique. Une relation est soit monogame, soit poly, soit d’une autre facette de la non-monogamie éthique. Mais les concepts même de la monogamie et du polyamour s’opposent et sont incompatibles. L’une est basée sur l'exclusivité et l’autre sur l’inverse.
Cependant, au sein d’une relation poly, il est tout à fait possible qu’une personne se définisse comme monogame et l’autre comme polyamoureuse. Mais là, nous revenons sur le concept de l’identité. Même si l’une de ces personnes se considère monogame, elle pratique pourtant le polyamour.
Elle a cette liberté d’avoir d’autres relations, elle choisit juste de ne pas profiter de cette liberté (si jamais c’est une situation où elle n’a pas cette liberté, il y a un problème de double standard, et donc d’éthique). Elle pratique d’ailleurs l'aspect le plus difficile du polyamour, celui de vivre le fait que son/sa partenaire utilise activement cette liberté.
On réalise alors que le partenaire "mono" vit le polyamour peut-être davantage que celui qui a plusieurs partenaires mais qui n’a jamais été confronté à son/sa partenaire ayant d’autres partenaires.
Les humains étant complexes, j’imagine que dans ce terme “mono” dans “mono/poly” on va retrouver entre autres des gens curieux du polyamour mais qui ne savent pas encore quoi en penser, des gens un peu réticents mais qui veulent creuser le concept quand même parce que ça a l’air d’être important pour leur·e partenaire et des gens totalement monogames qui savent qu’ils ont besoin de la monogamie pour être en adéquation avec eux-mêmes. Le point suivant les concerne particulièrement.
Dans une relation, il y a une seule décision qui peut être prise seul·e : celle de la rupture. Pour tout ce qui concerne l'ouverture de la relation, c'est différent, il faut deux “oui”, il faut que les deux partenaires soient d'accord. Si vous ressentez au fond de vous que vous êtes monogame, c'est totalement légitime. Vous avez le droit de dire que vous ne souhaitez pas changer la structure de votre relation.
Même si votre partenaire vous révèle qu'il ou elle se considère polyamoureux·se, souvenez-vous que vous n'êtes pas tenu·e d'accepter ce changement si vous ne vous y sentez pas prêt·e. Il n'y a pas d'obligation à "essayer" le polyamour si cela ne résonne pas avec vous. Le respect mutuel est au cœur de la non-monogamie éthique : il n'est pas juste d'utiliser la pression ou la manipulation pour faire évoluer la relation vers une ouverture non désirée.
À celui ou celle qui se découvre polyamoureux·se et souhaite partager ce mode de vie avec son partenaire, il est crucial d'accepter le "non" de l'autre si c'est la réponse reçue. Il n'existe pas de méthode secrète pour changer l'avis de quelqu'un sur ce sujet.
Si pour vous le polyamour est essentiel, mais que votre partenaire se sent profondément monogame, c'est une situation où chacun doit rester fidèle à ses besoins et désirs. Il est important de se rappeler que ni le polyamour ni la monogamie ne sont supérieurs l'un à l'autre ; l'essentiel est de trouver des partenaires compatibles avec vos attentes et besoins en amour.
Votre partenaire n'est pas obligé·e de tester le polyamour pour "voir si cela pourrait fonctionner". Il est important de ne pas forcer quelqu'un à se conformer à un style de vie qui ne lui correspond pas. Tout le monde mérite d'être dans des relations qui leur apportent joie et satisfaction, où leurs désirs et leurs limites sont respectés.
Rappelez-vous, il n'y a pas une seule manière de vivre sa vie, mais si vous vivez une vie en adéquation avec qui vous êtes vraiment, tout est plus simple.
De plus, le polyamour ne servira pas à réparer une relation monogame déjà défaillante. Au contraire, il mettra en lumière tous les aspects dysfonctionnels de votre relation initiale. Quel que soit le type de non-monogamie éthique choisi, cette démarche tend à être plus fructueuse pour les relations déjà stables et, dans le cas du polyamour, particulièrement pour ceux qui mènent déjà une vie individuelle épanouie. La non-monogamie va mettre en avant des situations susceptibles de révéler des problèmes d’insécurité tels que la jalousie, la co-dépendance, des besoins insatisfaits, la façon dont votre partenaire vous traite, etc. Des problèmes qui ne se seraient peut-être pas manifestés à court terme dans une relation monogame. Si ces problèmes existent, il y aura moins d'événements révélateurs.
Il est parfaitement légitime de reconnaître qu'une relation monogame ne nous satisfait plus ; il n'y a absolument rien de négatif à cela. Souhaiter en discuter avec votre partenaire est tout aussi respectable. Les difficultés surgissent lorsque, face à un refus de votre partenaire, vous insistez néanmoins pour parvenir à vos fins, ou tentez de l'entraîner dans une dynamique relationnelle qui ne lui convient pas. Ce n’est pas éthique !
Certain·e·s la ressentent intensément, d'autres peu ou pas du tout, indépendamment de leur expérience en polyamour. La jalousie dans une relation ne devrait pas être vue comme une preuve d'amour, ni comme un échec dans la pratique du polyamour. Les personnes polyamoureuses la considèrent plutôt comme un indicateur qu'il faut explorer pour en identifier la cause. Il s'agit de l'accepter, d'en parler, de l'analyser et d'apprendre de cette expérience. En vous informant sur le polyamour, vous trouverez de nombreux textes abordant la jalousie. J'aimerais proposer une perspective un peu moins conventionnelle, mais qui, en définitive, vise le même but. Peut-être que cela résonnera avec certain·e·s d'entre vous, offrant ainsi une alternative aux idées déjà exprimées à maintes reprises.
La jalousie n'est pas un sentiment en soi, mais plutôt une boîte qui contient des sentiments. Elle peut renfermer un mélange de peur, d'anxiété, de colère, de tristesse, de douleur, de ressentiment, d'une faible estime de soi, entre autres émotions généralement désagréables et difficiles à affronter. D'autres sentiments peuvent aussi être présents, comme la fierté, l'excitation, ou le désir, qui, bien que potentiellement positifs, sont rarement suffisants pour consolider positivement la situation. Ils ont même tendance à la compliquer davantage, la rendant encore plus difficile à démêler.
En monogamie, lorsqu'on n'a jamais affronté la jalousie, on a tendance à fermer cette "boîte" et à la passer à la personne que l’on juge responsable de notre jalousie. Désormais, c'est son problème : à elle/lui de résoudre la situation, de mettre un terme au comportement qui a provoqué cette jalousie.
Ainsi, la jalousie devient plus qu'un simple mélange d'émotions ; elle se transforme en stratégie. Une stratégie dont le but est d’éviter l’introspection difficile et de la remplacer par une illusion de contrôle.
Que l'on soit polyamoureux·se ou monogame, nous possédons tous·tes cette "boîte", mais les polyamoureux·ses y sont confronté·e·s plus directement. Et nous sommes tous·tes tenté·e·s de la remettre à notre partenaire, d'en faire le problème de quelqu'un d'autre. C'est une réaction tout à fait naturelle, mais également très néfaste pour la relation.
La seule manière de progresser est d'ouvrir cette boîte et d'examiner son contenu ensemble. En extraire chaque élément, chaque émotion, une par une. Le travail sur ces émotions est unique à chacune d'elles.
Il se peut que vous ayez besoin d'être rassuré·e sur la place que vous occupez dans la vie de votre partenaire. Vous pourriez aussi aspirer à une répartition plus équitable du temps et de l'attention. Ou avoir besoin de plus de soutien dans les tâches quotidiennes, surtout si vous ressentez de la frustration parce que votre partenaire sort avec quelqu'un d'autre sans avoir géré sa part des engagements envers votre relation. C'est une préoccupation légitime, mais il vous appartient de communiquer de manière positive ce qui vous affecte. Une réflexion commune sur la charge mentale au sein de la relation est utile pour avancer vers une juste équité.
Ce processus n'est pas simple. Nous avons tous·tes dû y faire face. Mais il est possible de le surmonter, ou peut-être que non, et en soi ce n’est pas une obligation. Donc, cela n'est pas un échec non plus. Ce n’est pas pour tout le monde. Ou peut-être que ce n'est tout simplement pas le bon moment pour ça.
Mais, même si vous décidez que le polyamour n'est pas fait pour vous, il est toujours bon d'être capable de travailler ce muscle introspectif, et de développer la capacité de regarder en face ce mélange difficile de sentiments et de déterminer ce dont vous avez vraiment besoin.
La situation ne s'améliorera pas miraculeusement sans effort de votre part. Il est nécessaire de puiser dans votre courage et votre volonté pour entreprendre ce travail d'introspection, pour définir vos besoins et les exprimer avec honnêteté et vulnérabilité.
Ou la règle du pénis unique. Une OPP se manifeste généralement lorsqu'un homme exige de sa partenaire qu'elle ne puisse avoir que des partenaires féminins, excluant ainsi tout autre homme.
Pendant ce temps, l'homme se réserve le droit d'entretenir des relations avec d'autres femmes. Ainsi, la partenaire est contrainte de travailler sur ses propres insécurités, tandis que l'homme instaure une règle lui permettant d'éviter tout effort personnel. Cet exemple suffit à illustrer son caractère problématique.
Mais allons plus loin. Cette règle trouve ses racines dans l'homophobie et la masculinité toxique, car elle sous-entend qu'une relation entre femmes est considérée comme moins sérieuse, moins menaçante qu'une relation entre une femme et un homme. Elle traduit également une volonté de possession sur son·sa partenaire et la crainte qu'une autre personne puisse "voler" ce dernier·ère.
Votre partenaire ne va pas nécessairement vous quitter pour un autre pénis, mais elle pourrait vous quitter pour une autre personne qui la respecte, qui ne lui impose pas de double standard et qui ne souhaite pas la contrôler.
Le polyamour ne signifie pas non plus qu'il est judicieux de souhaiter entretenir une relation romantique avec tout le monde.
Il est question des "messy lists", des listes de personnes avec lesquelles il est préférable d'éviter d'entamer des relations, pour ne pas compliquer inutilement les dynamiques existantes. Ces listes sont à établir en discussion avec votre partenaire.
L'idée principale est d'éviter les relations avec des personnes trop proches de votre partenaire, surtout si une rupture avec l'une de ces personnes pourrait amener celle-ci à vouloir se retirer de la vie de votre partenaire.
Il ne s'agit pas de choisir des personnes spécifiques, mais plutôt de définir des catégories de personnes. Les catégories les plus courantes incluent les ami·e·s proches, la famille et les collègues. C'est à vous de déterminer ces catégories ensemble, lors d'une conversation. Imaginez : vous êtes ami·e depuis 15 ans avec votre meilleur·e ami·e, et votre partenaire décide de démarrer une relation avec lui·elle. Un an plus tard, cette relation prend fin, et votre meilleur·e ami·e ne souhaite plus voir votre partenaire. Cette situation aurait un impact significatif et négatif sur votre relation avec votre meilleur·e ami·e. Voilà pourquoi il est crucial d'avoir cette conversation et de savoir où vous mettez les pieds.
Imaginons : vous avez un faible pour une personne et vous envisagez d'ouvrir votre relation pour pouvoir créer cette nouvelle relation.
Se lancer dans le polyamour pour cette raison soulève de nombreuses questions et rend l'entrée dans le polyamour particulièrement complexe.
Cela impose une pression considérable sur votre partenaire pour ouvrir la relation rapidement. Effectuer le travail sur soi et sur sa relation est un processus qui aurait normalement nécessité bien plus de temps. Dans le cas contraire, votre partenaire se retrouve dans l’injonction de s'ajuster alors que vous êtes emporté·e par l’énergie d'une nouvelle relation (ENR), sans le travail introspectif en amont que ce changement aurait nécessité.
Il est recommandé d’éviter les prises de décisions importantes qui peuvent impacter le couple en phase de ENR. La pression et les contraintes temporelles ne devraient jamais influencer des décisions qui changent la vie de manière radicale. Cela amène également à se demander si vous désirez réellement le polyamour, ou si vous souhaitez juste être avec votre crush.
Cependant, une fois la décision prise, il est impossible de revenir en arrière. Si vous êtes vraiment sérieux·se à propos du polyamour, il est temps de le démontrer à votre partenaire en vous éduquant au maximum sur le sujet et en veillant particulièrement à ne négliger personne.
Si vous n'avez pas encore agi, prenez votre temps. Préparez-vous convenablement pour identifier et faire face aux défis que ces changements apporteront. Il peut sembler regrettable de laisser passer cette occasion avec cette personne, mais cela favorise une relation plus saine à long terme, et d'autres opportunités se présenteront.
L'ENR, c'est ce que l'on peut ressentir au début d'une relation, un peu comme des papillons dans le ventre. Sauf qu'en réalité, c'est une drogue extrêmement puissante et l'on peut vite s'y perdre.
Tout le monde ne la vit pas de la même manière, mais elle est enivrante, tellement que certain·e·s passent de relation en relation pour avoir la dose suivante quand elle commence à s'estomper.
L'ENR peut nous faire penser que quelqu'un est parfait, que cette personne est notre âme sœur, que nous n'avons jamais ressenti de sentiments aussi forts, que la connexion est incroyable, qu'on ne nous a jamais compris aussi bien. Surtout comparé à ce que l'on vit avec un·e partenaire où la relation est maintenant plus posée et où une routine s'est peut-être installée.
Elle modifie nos priorités, altère notre jugement, elle aveugle. On peut vivre une ENR intense sans même s'en rendre compte, et c'est aussi destructeur qu'une jalousie intense sur laquelle on ne travaille pas.
C'est souvent à ce moment-là que l'on voit moins nos ami·e·s, notre famille, que l'on n'arrive plus à se concentrer au travail, etc. En monogamie, ça s'arrête là, mais en polyamour, nous avons peut-être d'autres relations.
Il est important d'écouter les autres qui nous disent que nous sommes en ENR et sur la manière dont on la vit, parce que l'on pense en avoir le contrôle mais c'est probablement loin d'être le cas.
Et c’est le moment où il faut faire un effort conscient pour se recentrer et faire en sorte que les autres partenaires se sentent valorisé·e·s et chéri·e·s. C'est le bon moment pour rappeler aux autres partenaires ce que nous trouvons de spécial et de merveilleux chez eux. C'est également le bon moment pour les rassurer un peu plus que d'habitude.
Et comme tout le monde ne vit pas l'ENR de la même manière, c'est aussi le moment de faire attention à notre nouveau·elle partenaire et de s'assurer qu'il·elle ne prend pas de décisions importantes qui ont un impact considérable sur sa vie sous l’influence de l'ENR.
Ici, j’en peins un tableau assez noir, mais si on est conscient qu'on peut se faire dépasser par l'ENR et qu'on écoute nos partenaires quand ils·elles le disent, qu'on la vit en pleine conscience, c’est un sentiment merveilleux.
Quand un couple décide d’adopter la règle du veto, cela signifie que chaque partenaire peut mettre fin à la relation de l’autre de manière unilatérale. Cette règle pose plein de problèmes. Elle est basée sur la volonté de garder un certain contrôle sur une relation existante. Cette règle peut montrer un manque de confiance et de communication, une des bases même du polyamour.
Le veto oublie aussi de prendre en compte que de l’autre côté, il y aura une personne tierce. Un être humain avec ses émotions, insécurités et sentiments, dont on peut disposer d’un seul mot.
Les partenaires ne sont pas des objets dont on dispose.
Au final, cette règle peut blesser tout le monde, y compris celui ou celle qui l’utilise. On la retrouve quand même principalement chez les couples moins expérimentés, qui vont peut-être d'ailleurs la voir comme un bouton magique qui permet de faire marche arrière quand quelque chose va mal.
Mais ça ne fonctionne pas comme ça. Le mal aura été fait, des êtres humains avec des sentiments auront été blessés, et votre relation ne sera quand même probablement pas la même qu'avant le veto.
Elle blesse d’abord la personne qui va être rejetée à cause du veto. C'est extrêmement blessant qu'une personne tierce ait le pouvoir de mettre fin à une relation dans laquelle elle n’est pas impliquée. Elle est non seulement blessée par une tierce personne, mais aussi par son·sa partenaire qui accepte d'exécuter ce veto et de rompre.
Imaginez que votre relation prend fin juste parce qu'une personne tierce a encore des insécurités ou ne vous aime tout simplement pas et sort la carte du veto.
Si vous êtes la personne qui a posé le veto, il faut envisager aussi que vous pouvez blesser votre partenaire, même si ce·tte dernier·ère était d’accord avec cette règle. Devoir mettre fin à une relation avec une personne qu’on aime est toujours difficile. On se retrouve toujours blessé·e. Ça peut aller jusqu’à trouver cela injuste et cruel. Cela risque de mettre votre propre relation à mal parce que c’est un terreau parfait pour le ressentiment, et c’est là que votre relation risque de changer péjorativement.
Il y a bien toujours des cas extrêmes où il est évident qu’on a affaire à une personne toxique et qu’un veto semble justifié. Même là, vous allez toujours interférer avec les sentiments de votre partenaire. Il est préférable d'avoir une discussion avec votre partenaire pour questionner s’il se rend compte (ou pour l’informer en toute bonne foi) des comportements toxiques présents dans son autre relation et lui faire confiance pour décider la suite.
Bien sûr, personne ne vous empêche d’avoir cette règle dans votre relation si vous le désirez. Mais communiquez-la aux personnes avec qui vous souhaitez établir une relation avant de vous engager. Elles pourront prendre une décision en connaissance de cause. De la même manière qu’on communique à quelqu’un qu’on est polyamoureux·se avant d’entamer une relation. (Consentement éclairé)
Un accord entre les partenaires qu’on voit souvent au début, est celui où l’on prévient avant qu’il ne se passe quelque chose lors d’une rencontre. Le plus souvent si ce quelque chose est d’ordre sexuel.
Pourquoi cet accord pose-t-il problème ? Parce que c’est très compliqué de savoir ce qu’il peut se passer lors d’une rencontre. Même si on s’y rend avec l’idée qu’on ne fait jamais rien au premier rendez-vous, il ne faut jamais dire jamais. D’autant que cette situation peut aussi se produire avec une personne que l’on fréquente depuis un certain temps. L’alchimie peut être puissante et l’envie d’aller au-delà de ce qu’on imaginait est probable. Il est plus judicieux d’envisager que le contrôle de ce que peut vivre son·sa partenaire en dehors de la relation est peu réaliste et que cet espace d’intimité ne nous appartient pas. Poser ce jalon dès le départ peut éviter des sentiments de trahison à postériori (rupture d’accord).
Imaginez à quel point cela pourrait rebuter la personne que vous rencontrez en lui disant : “excuse-moi, je dois prévenir mon·ma partenaire avant de t’embrasser, c’est l’accord qu’on a. On doit tout se dire avant”. Là, j’entends tout de suite “je n’ai aucune indépendance et donc aucune relation saine à t’offrir”. Cela peut mettre un coup de frein à la spontanéité du moment.
Le problème étant que si vous ne le faites pas… eh bien vous transgressez un accord que vous avez vous-même accepté. Et peu importe la qualité ou la pertinence de cet accord, vous le transgressez et brisez la confiance de votre partenaire. Il y aura trahison, ce qui inévitablement occasionnera des émotions diverses et un inconfort pour chacun·e d’entre vous.
Qu’est-ce que ça vous apporte de savoir à l’avance que votre partenaire peut avoir des relations charnelles avec une autre personne ? Espérez-vous pouvoir être prêt·e et pouvoir affronter vos émotions si vous le savez à l’avance ?
En polyamour, il est plus juste de considérer qu’à chaque rencontre, il est possible que votre partenaire pourrait avoir des relations sexuelles avec une autre personne. Je vais même plus loin, l’imprévu existe ! Cela pourrait arriver à n’importe quel moment même si ce n’est pas lors d’une rencontre planifiée.
Même si dans la théorie, on pourrait se penser prêt·e, la confrontation à une situation rendue réelle sera le moment pour faire le constat du travail de déconstruction fait en amont. Il reste toutefois difficile de prévoir les situations déclencheuses d’activations.
On ne peut pas prendre les choses lentement pendant que notre partenaire a un rendez-vous en ce moment même. Ce n’est pas un aspect qu’on travaille à ce moment-là. D’ailleurs, qu’est-ce que le travail en polyamour ?
La définition “d’aller lentement” sera différente pour tout le monde, certains points fonctionnent mieux pour certain·e·s que d'autres, mais une chose est sûre...
Une fois le pas franchi dans le monde du polyamour, quand les rencontres et les sentiments sont de la partie, ça devient beaucoup plus difficile. Le moment idéal pour aller lentement, c’est pendant la transition entre la monogamie (ou autre schéma amoureux) et le polyamour.
Qui plus est, commencer une relation avec quelqu’un et faire marche arrière parce qu’on est allé·e trop vite peut aussi être blessant pour cette personne qui est un être humain avec ses sentiments et émotions.
Prendre les choses lentement… c’est :
Même avec tout ce travail, vous ne pourrez être sûr·e·s que quand vous vous jetterez à l'eau. Se préparer avant augmente grandement les chances que tout se passe au mieux par la suite. Alors trouvez ce qui vous parle : forum, livres, vidéos, podcast, café poly, etc. et lancez-vous.
Les limites personnelles sont essentielles pour vivre en accord avec nos valeurs et répondre à nos besoins propres. Elles ne concernent que nous-mêmes et ne sont pas imposées aux autres. Elles guident notre réaction face aux comportements ou aux choix de vie d'autrui. Ces limites ne se limitent pas aux relations amoureuses et s'appliquent à tous les aspects de notre existence.
Par exemple, vous pourriez avoir une limite stipulant que vous ne consommez pas de produits d'origine animale, ou que vous n'entretenez pas de relation avec quelqu'un qui possède des animaux, en raison de vos allergies sévères. Vous pourriez également décider de ne pas être en relation avec une personne qui est infidèle à son autre partenaire.
Cependant, il est possible que les limites soient utilisées à tort pour exercer un contrôle sur le·la partenaire, se transformant alors en règles déguisées. Prenons l'exemple d'un homme qui refuse d'avoir une relation avec une femme souhaitant avoir d'autres partenaires masculins. Cette "limite", en réalité, peut signaler une volonté de contrôle, peu éthique et comparable à la politique du "one penis policy".
Les limites ne sont pas négociables avec un·e partenaire, mais doivent être clairement communiquées. Bien qu'elles puissent évoluer avec le temps, cela découle toujours d’une réflexion personnelle et non d’un compromis. L'origine et l'intention derrière une limite sont cruciales pour en évaluer la justesse. Même si une limite est jugée raisonnable, cela ne signifie pas nécessairement qu'elle doit être acceptée par tou·te·s.
Enfin, il est important de comprendre les possibles conséquences en cas de non-respect de ces limites (sentiment de trahison, perte de confiance). Ne pas réagir revient à permettre à l'autre de les transgresser de nouveau. La conséquence n'implique pas forcément une rupture, mais peut prendre d'autres formes. Par exemple, si un·e partenaire ne se protège pas lors de relations sexuelles avec d'autres, vous pourriez décider d'utiliser des protections jusqu'à l'obtention de résultats de tests négatifs.
Même en dehors de votre relation, si un·e ami·e vous sert volontairement et à votre insu un produit d'origine animale alors qu'il·elle sait très bien que vous êtes vegan, que feriez-vous ?
Les règles sont souvent imposées à un·e partenaire et peuvent être perçues comme un moyen de contrôle. En général, elles sont basées sur des insécurités ou des tentatives de réguler le comportement de l’autre. Dans le cadre du polyamour, et peut-être même dans les relations en général, les règles semblent inappropriées car elles limitent l'autonomie des impliqué·e·s. Idéalement, chaque partenaire devrait être libre de prendre ses propres décisions.
Voici quelques exemples typiques de règles que l'on peut rencontrer dans le polyamour, qui illustrent bien cette dynamique de contrôle :
Un bon indicateur d'une règle problématique est la présence de doubles standards :
"Ce qui est permis pour moi ne l'est pas pour toi".
Ces règles créent des inégalités et peuvent engendrer des sentiments de ressentiment ou d'injustice au sein de la relation et ne sont de toutes manières pas éthiques.
Plutôt que d'imposer des règles rigides, les partenaires pourraient bénéficier de développer une communication ouverte où ils expriment leurs besoins et leurs limites sans restreindre la liberté de l'autre. Il serait plus constructif de travailler sur la confiance et l'assurance mutuelle, permettant à chacun·e de se sentir sécurisé·e et respecté·e sans avoir besoin de recourir à des règles contraignantes.
Les accords sont des décisions prises conjointement par les partenaires, impactant uniquement leur propre relation. Ils peuvent être vus comme des limites, voire des règles mutuellement acceptées et partagées au sein du couple. Par exemple, un accord courant pourrait stipuler que le couple ne se protège pas entre eux mais utilise des protections avec d'autres partenaires. Un autre accord pourrait exiger le changement des draps si l'un des partenaires a des relations avec une autre personne dans le lit que le couple partage.
À l'instar des limites, un accord rompu doit éventuellement avoir des conséquences.
Mais comme précisé, cela ne peut affecter que le couple et pas les partenaires des partenaires. On ne peut pas avoir un accord qui dit qu'une personne doit avoir une relation avec les deux partenaires. On ne peut pas non plus obliger son·sa nouveau·elle partenaire à rencontrer son·sa partenaire socle sous prétexte que c'est un accord avec le·la partenaire socle. Cela revient à établir une règle pour une personne qui n'est même pas encore dans votre vie.
Bien que cela puisse sembler être une question de sémantique, comprendre les termes utilisés comme "limite", "règle" et "accord" est essentiel pour saisir les intentions sous-jacentes et les implications de ces conventions. Reconnaître la différence entre ces concepts aide à maintenir l'autonomie des personnes impliquées.
L'utilisation de termes distincts est importante pour clarifier les intentions et soutenir les choix individuels dans le contexte complexe du polyamour et de l'ENM. Cela permet une meilleure compréhension et un respect des dynamiques relationnelles, favorisant ainsi une communication plus transparente et une plus grande équité entre tous les partenaires concernés.